À l'époque du Cinéma Muet, de nombreux musiciens de talent écrivaient ou improvisaient de la musique pour accompagner les films.
Parmi ces musiciens, des organistes se mettaient aux claviers des orgues mythiques du Gaumont Palace, du Rex et bien d'autres salles encore, ou tout simplement au clavier d'un piano situé au pied de l'écran.
S'il n'y a plus d'orgues aujourd'hui dans les salles de cinéma françaises, les technologies contemporaines permettent d'installer un projecteur et un grand écran à proximité d'orgues capables de servir ce répertoire. C'est le cas de l'orgue de Plaisance du Gers dont le positionnement au sol, près des auditeurs, favorise le lien avec le public. L'espace d'un soir, l'église est aménagée avec une cabine de projection et un grand écran de huit mètres !
Et pour que la fête soit complète, les deux autres salles de cinéma accueillent des projections de films accompagnés au piano et au bandonéon ainsi que des animations sur le thème du cinéma muet !
Pianiste : Hakim Bentchouala-Golobitch
Pianiste : Hakim Bentchouala-Golobitch
Organiste : Samuel Liégeon
Organiste : Samuel Liégeon
Oh, la belle voiture (Get out and get under)
et Voyage au paradis (Never weaken)
A travers ces deux courts métrages, sommets du burlesque,
Harold Lloyd incarne un personnage loufoque et casse-cou, une
sorte de roi de la poursuite et du gag.
Le prétexte est toujours le même :
séduire la belle Mildred. Mais avec son innocence romantique, Harold se retrouve dans des situations
toutes aussi cocasses et absurdes.
Dans Oh, la belle voiture !, il se bat contre une automobile rétive et folle.
Dans Voyage au paradis, Harold rate son suicide sans le savoir et, se croyant au paradis, finit par escalader un gratte-ciel en construction.
Véritable génie du burlesque, le comique Harold Lloyd n’a pas toujours bénéficié de l’aura de ses concurrents les plus directs, Charlie Chaplin et Buster Keaton. Sans doute parce que la star du muet se souciait moins des histoires contées que de l’efficacité de ses gags. Ses nombreux courts métrages sont ainsi des mines de situations cocasses, parfois à la lisière de l’absurde.
Ces deux films seront accompagnés en direct au piano par le grand pianiste Hakim Bentchouala-Golobitch qui viendra spécialement de Barcelona.
Un débris de l'empire
Film muet de fiction écrit et réalisé par Friedrich Ermler en 1929 sera accompagné au Cinéma Europe,
en direct au piano par Hakim Bentchouala-Golobitch. Le scénario est basé sur l'essai Invité de l'au-delà
de Nikolaï Pogodine. Une rareté de l’âge d’or du cinéma soviétique muet, d’une grande virtuosité formelle,
par un réalisateur à découvrir ou à redécouvrir.
A travers la figure d'un personnage qui perd momentanément la mémoire, ce film relate les changements
survenus à la suite de la Révolution d'Octobre 1917.
Un débris de l’empire est certes une œuvre de propagande répondant aux canons du réalisme socialiste. Pourtant, Ermler s’autorise des digressions oniriques que n’auraient pas reniées Lynch ou Buñuel et n’occulte pas toute velléité critique, notamment dans la description des nouveaux bureaucrates guère plus accommodants que les tenants du pouvoir sous l’ère tsariste.
Mais c’est surtout le montage qui impressionne. Plus de quatre-vingts ans après sa réalisation, la séquence du maniement d’outils sur une chaîne de production n’a rien à envier aux prouesses de Dziga Vertov présenté lors de notre précédent festival (2016) à travers son chef d'oeuvre : L'homme à la caméra.
Le film sera accompagné en direct au piano par le grand pianiste Hakim Bentchouala-Golobitch qui viendra spécialement de Barcelona.
Le Cuirassé Potemkine
Rarement présenté en projection sur grand écran. Et pourtant il s'agit d'un film où l'esthétique des plans est... révolutionnaire ! C'est pourquoi nous avons décidé de le projeter le samedi soir dans l'église, sur notre écran géant et d'en accompagner le déroulement à l'orgue par un spécialiste, l'organiste Samuel Liégeon de Paris.
La révolte de l'équipage du cuirassé Potemkine le 27 Juin 1905, pendant la Révolution russe de 1905, est présentée comme précurseur de la révolution d'Octobre 1917. En effet, le cuirassé reproduit, dans le microcosme de son équipage, les clivages de la société russe et ses inégalités. L’une des causes de la mutinerie est la question de la nourriture. Les officiers, présentés comme cyniques et cruels, contraignent l’équipage à consommer de la viande pourrie, alors qu’eux-mêmes maintiennent un train de vie privilégié parmi l’équipage.
Réalisé en 1925, par Sergueï Eisenstein, Le Cuirassé Potemkine a été désigné à plusieurs reprises comme le plus grand film au monde. Au fil de l'incroyable quatrième acte - les escaliers d'Odessa, la panique collective qui culmine avec la célèbre séquence où un landau dévale les marches une à une tandis que les cosaques tirent dans la foule -, on découvre avec surprise à quel point Le Cuirassé Potemkine est la matrice d'un cinéma d'avant-garde dont le montage a imprégné jusqu'au cinéma hollywoodien. L'effet n'y est jamais gratuit, mais toujours au service du récit.
Le film sera projeté sur écran géant et accompagné en direct à l'orgue par l'organiste Samuel Liégeon.
Le pianiste Hakim BENTCHOUALA-GOLOBITCH :
Né à Alger, il obtient la médaille d’or de piano au Conservatoire de Toulouse avec Françoise Thinat puis travaille à Paris avec Yvonne Loriod et Gabriella Torma et à New York avec Constance Keene.
Lauréat de grands concours internationaux, Hakim est invité par de nombreux festivals en France et à l’étranger pour des concerts et master-class (Asie, USA, Amérique Centrale, Amérique du Sud).
Depuis Barcelona où il vit, Hakim Bentchouala-Golobitch poursuit une carrière internationale très diverse. En effet, parallèlement à l'interprétation d'oeuvres du répertoire, Hakim compose et interprète des partitions originales d'une quarantaine de films muets.
Invité par deux fois déjà à Plaisance du Gers, il a impressionné par ses accompagnements intenses de films aussi variés que l'Atalante, La Nouvelle Babylone ou Safety Last. C'est avec plaisir que nous l'accueillons à nouveau.
L'Organiste Samuel Liégeon :
lauréat de sept premiers prix au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris où il a suivi les classes d'improvisation à l’orgue et au piano, d'écriture, d'analyse et d 'orchestration.
En 2009, à l’âge de 24 ans, il est nommé organiste titulaire du grand orgue construit par Daniel Birouste en l’église Saint Pierre de Chaillot à Paris. Lauréat de nombreux concours internationaux d'improvisation et d'interprétation, il est nommé en 2012 «jeune artiste en résidence» à la cathédrale Saint-Louis Roi de France de La Nouvelle-Orléans, pour une période de six mois.
Il est régulièrement invité en Europe et aux Etats Unis où il se produit aussi bien en soliste, en musique de chambre ou avec orchestre. Passionné par l’improvisation et la composition musicale, il s’est fait entendre au piano et à l’orgue dans le cadre d’émissions de radio qui lui sont consacrées ou encore au cinéma avec lequel il collabore régulièrement pour l’accompagnement de films muets.
Pianiste : Hakim Bentchouala-Golobitch
(séance pour les scolaires)
Pianiste : Hakim Bentchouala-Golobitch
Pianiste : Hakim Bentchouala-Golobitch
Orgue : Henri-Franck Beaupérin
Orgue : Henri-Franck Beaupérin
Safety last :
Harold vient à Los Angeles pour
faire fortune, il survit grâce à des petits boulots.
Il a menti à sa fiancée sur sa situation financière
réelle... Afin de toucher l’argent dont il a besoin
pour se marier, il propose une opération de promotion
pour laquelle il pense utiliser les talents
d’un ami. Mais c’est Harold qui doit se lancer dans
l’ascension de l’immeuble en s’aidant uniquement
des aspérités du décor. Au dernier étage, arrivé
sur la corniche, il est assommé par une girouette
et tombe... mais il s’en sortira et fera honneur à sa
fiancée !
La Nouvelle Babylone : Film muet de Grigori Kozintsev et Leonid Trauberg, réalisé en 1929. Au début de la révolution industrielle, en 1871, alors que la Commune de Paris est violemment réprimée par l’armée, une histoire d’amour se tisse entre Jean, un jeune soldat, et Louise, jeune vendeuse communarde du grand magasin « La Nouvelle Babylone ».
L’homme à la caméra : Sorti sur les écrans en 1929, c’est le dernier film muet de Dziga Vertov et la synthèse de ses travaux des années 1920. Ce film a pour décor Moscou, Kiev et Odessa et frappe par sa virtuosité. Devenu le symbole de l’avant-garde cinématographique, Vertov est marginalisé au cours des années 1930. Les années 1960 le consacrent cependant comme une référence majeure du cinéma moderne et font de L’Homme à la caméra un véritable film culte.
Hakim BENTCHOUALA-GOLOBITCH :
Né à Alger, il obtient la médaille d’or de piano au Conservatoire de Toulouse
avec Françoise Thinat. A Paris il travaille avec Yvonne Loriod et Gabriella
Torma et à New York avec Constance Keene. Diplômé de concours internationaux.
Hakim Bentchouala-Golobitch est l’invité de nombreux festivals en
France et à l’étranger pour des concerts et master-class. Il compose et interprète
une quarantaine de films muets avec des partitions originales. Musicien
aux multiples talents, le tango argentin entre dans sa vie et il entame
également une carrière de “pianiste-comédien”, à la fois acteur et pianiste.
Henri-Franck BEAUPÉRIN :
Lauréat des grands concours internationaux (Tokyo, Budapest, Lahti et
Paris), organiste titulaire de la cathédrale d'Angers. Grand improvisateur,
il fut l'un des jeunes organistes les plus appréciés, avec Michel Bourcier et
Marc Chiron, lors du Festival International d'Ars Organorum à Plaisance du
Gers 1988-2003. Pédagogue reconnu, il a également réalisé de nombreuses
transcriptions pour orgue, notamment Prélude, Choral et Fugue
de César Franck ou L’Anneau de Salomon de Jean-Louis Florentz. Grand
concertiste, il se produit régulièrement en Europe, en Asie et en Amérique.
Trois chefs d’œuvre accompagnés par Gregory Daltin à l’accordéon et au bandonéon.
accompagné par Grégory Daltin à l’accordéon et au bandonéon.
accompagné à l’orgue par Marc Chiron.
La musique d’orgue à l’époque du cinéma muet.
Ma fille est somnambule :
Un jeune médecin reçoit la visite d'un père et de sa fille qui souffre de somnambulisme.
Le père, peu convaincu par le médecin, met rapidement fin à la consultation. Le médecin
retrouve un collègue et partage quelques verres avec lui, en pleine période de prohibition.
Ils attirent l'attention d'un policier qui n'aura de cesse de les poursuivre. De retour
à son hôtel, le médecin découvre que la jeune somnambule y réside aussi. Il interviendra
lors d'une crise de somnambulisme, la suivant jusque sur le toit de l'hôtel…
Malec joue au golf :
Malec joue au golf et égare sa balle. Il est alors pris par erreur pour un évadé de la
prison voisine. Se succèdent des situations assez pittoresques où le héros affronte toujours
l’adversité avec un flegme inébranlable. Buster Keaton joue beaucoup avec l’absurde
pour créer des gags inventifs qui rebondissent de l’un à l’autre.
Charlot musicien :
Un violoniste sans le sou s’éprend d’une jeune gitane. Alors qu’un peintre réalise son
portrait, Charlie croit que celui-ci est amoureux d’elle et que ce sentiment est réciproque.
Grâce à cette peinture, une femme riche et bien établie reconnaît sa fille et la
convainc de revenir auprès d’elle. Charlie pense alors que l’élue de son coeur l’a quitté
pour un autre.
Charlot patine :
est un véritable festival de course poursuite chorégraphique. On a
beaucoup comparé les films de Chaplin à des ballets. Des ballets fantaisistes où le comique
du jeu d’acteur est hérité du mime, du théâtre et du sketch à travers les mimiques,
les jeux de passe-passe entre la cuisine et la salle du restaurant, les portes battantes.
Mais également un comique de situation lors du quiproquo à multiples rebondissements
à la patinoire. La grande force du comique chez Chaplin, c'est son économie
de moyens, son côté corrosif et directement percutant, ayant trait à l'alimentaire, au scatologique,
et au sexuel. Un comique efficace et efficient.
L'émigrant :
constitue un nouveau point de bascule où le comique ne prendra désormais
plus appui que sur des situations tragiques. Évolution donc, du comique et
du divertissement à une dimension sociale, tragi-comique. Charlot, c’est un antihéros,
un "héros de l’inadaptation à la vie civilisée", selon la formule d’Epstein. C'est sans
doute pour cela que nous avons tant besoin de lui aujourd’hui, que nous soyons adaptés,
sur-adaptés, sous-adaptés ou inadaptés. Il console tout en dotant d’une force de
contestation. Il fait l’éloge de la marginalité tout en occupant le centre de l’écran. Alors
oui, chacun est sans doute un peu "débiteur" de Charlot.
Charlot policeman :
peut être considéré comme le chef d’œuvre à dimension satirique
et caricaturale préfigurant Le Dictateur (The Great Dictator, 1939-1940). C'est une
œuvre qui fait date car elle illustre le passage des "films-ballets" aux "satires sociales".
Les scènes de combat qui se déroulent dans Easy Street font preuve d’un art précis, organisé
en alternance, d’un groupe à l’autre, de part et d’autre de la rue. Ce procédé d’alternance
se retrouve d'ailleurs dans le montage. Enfin, la course poursuite de Charlot
par celui qui terrorise tout Easy Street constitue une véritable scène d’anthologie. C'est
à chaque fois par la ruse et la facétie que Charlot réussit à se sauver des situations les
plus périlleuses.
La Passion de Jeanne d’Arc, chef d’œuvre
du cinéma muet : En 1926, Dreyer s’installe à Paris, alors laboratoire du cinéma
européen, pour tourner un film sur Jeanne d’Arc. Son film ne sera pas un film en costumes,
historique et figé. Le procès est relaté sur une journée. Chaque plan tourné
dans l'ordre chronologique. Les acteurs ne se griment pas, Dreyer préférant la nudité
naturelle des visages qui, seule, peut exprimer les sentiments des hommes.
Jeanne est incarnée par Renée Falconetti, dont le visage illuminé impressionne des
générations de cinéphiles.
Dernier film muet du cinéaste, censuré lors de sa sortie en 1928, puis détruit par les
flammes à deux reprises, ce film entre dans la légende des chefs d’œuvre maudits du
7e Art. Ce n’est qu’en 1981 que l'on retrouvera un double du négatif original du film, oublié
dans un hôpital psychiatrique d’Oslo… « Je suis cinéaste et je mourrai cinéaste. »
(Carl Theodor Dreyer)
Film de 35mm projeté dans l'église sur grand écran de huit mètres !
Grégory DALTIN :
Spécialiste de l'accordéon et du bandonéon est soliste et professeur au conservatoire de
Toulouse. Il intervient dans des programmations de musique classique, contemporaine, jazz ou musiques
improvisées. Grégory Daltin a collaboré avec l'Orchestre National du Capitole de Toulouse, l’Ensemble de
musique contemporaine Pythagore, l'Orchestre de la Cité d’Ingres, l'Orchestre de chambre de Toulouse…
Grégory Daltin improvise régulièrement à la Cinémathèque Nationale de Toulouse
ainsi que dans différents festivals de cinéma. En 2013, il enregistre avec
le violoniste Simon Milone un disque de créations pour Accordéon et Violon.
La même année, il crée son propre trio avec Julien Duthu à la contrebasse et
Sébastien Gisbert aux percussions. En 2014, il assure en tant qu’arrangeur et
conseiller musical le spectacle d’ouverture de la nouvelle scène nationale d’Albi.
Grégory Daltin a déjà donné à Plaisance-du-Gers un récital inoubliable avec
Marc Chiron à l'orgue.
Virgile MONIN :
Effectue ses études aux conservatoires de Nantes
(classe d’orgue de Michel Bourcier) et de Saint-Maur-des-Fossés (classe
d’improvisation de Pierre Pincemaille). Lauréat du concours international
d’orgue de Toulouse, du Grand Prix d’Orgue Jean-Louis Florentz de
l’Académie des Beaux-Arts, Virgile Monin, un des fleurons de la jeune
génération, est l’auteur de transcriptions pour orgue.